Dans le cadre de la Résidence 1+2 Hors les murs #8 réalisée avec le soutien de la Ville de Castelnau d’Estrétefonds et en partenariat avec l’association Le Capech à la Cote, j’ai développé un projet photographique sur Eurocentre, une zone d’aménagement concerté située à la convergence de plusieurs axes de transports européens au nord de Toulouse.

Depuis les années 1990, cette zone d’activités économiques s’est largement étendue, et d’un même coup a transformé le paysage environnant de Castelnau d’Estrétefonds. Chaque jour, les mains des travailleuses et travailleurs renouvellent cet écosystème hybride, où éco-pâturages, petites et grandes entreprises s’entrecroisent. La série photographique intitulée Croisements issue de cette résidence sonde l’ambiance de ce site et des personnes qui le traversent.

Pour me rendre sur le terrain, le vélo et le train étaient mes seules options. Si je voyais ce mode de transport comme une contrainte au début, le vélo m’a permis d’accéder à des espaces qu’il m’aurait été impossible de découvrir en voiture. Je dois dire que les 300 ha d’Eurocentre avaient de quoi m’effrayer de prime abord. Il n’y a rien de très accueillant et chaleureux dans ce type de lieu.

Comment allais-je créer du lien et me fabricoter un espace qui consentirait au sensible, aux saisissements, aux petits feux ? Je veux dire, toutes ces choses qui me nourrissent pour photographier... En écrivant, je fais un retour en arrière. J’ai démarré cette résidence à peine quelques jours après être revenue de deux ans de vie en Tunisie, et trois années loin de mes repères où tout avait été extrêmement bousculé dans mon système interne. Je revenais en France à la recherche d’un environnement familier, quatre murs, des attaches, une base.

J’allais consacrer presque trois mois à me rendre régulièrement
sur cette ZAC : Eurocentre.