Le Désert.

2021-2024 - extrait

“C’est du grand pays et ça galope sous le ciel incommensurable. C’est à vif, comme au premier matin du monde.
C’est un vertige charnu.
On est à l’os des choses et la peau des pierres serait tiède dans la lumière. On devine des aubes nacrées et des crépuscules de velours.
On fermerait les yeux sous la caresse.
On pourrait prier, joindre les mains, crier à bouche pleine, chanter, se taire, mordre le cru de l’air, et marcher, marcher jusqu’aux lisières bleues
qui frémissent à fleur d’horizon.
Les images de Pauline Dupin sont cousues de silence et couturées de barbelés. On voudrait tout avaler, tout garder, sous la peau, dans la viande ; tout prendre, un chemin, le friselis de la rivière, un cheval et le chaud de son odeur, un autre chemin, un visage de femme et la patience des araignées. Tout prendre, ne pas renoncer, ne pas consentir.
C’est un pays comme un secret, un pays d’herbe et de vent, chevelu, ensauvagé et magistral.
C’est une source et un mirage, un risque et une chance, une promesse et un défi.
On le rêve, on l’espère, on l’a fui, on l’a quitté, on le retrouve, on croit l’apprivoiser, il échappe, il s’échappe.
Il a tous les visages. Il ne craint plus la mort.
Il a traversé des temps immémoriaux.
Pays perché, perdu, éperdu.
Je pense aux pierres, à leur miracle, je ne sais pas comment elles tiennent au long cours des jours et des nuits.
Je pense au vent.”

- Texte Marie-Hélène Lafon

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